mardi 3 janvier 2012

Vœux 2012 de Sarkozy : Lourdes n’est pas très loin en TGV

Devenu plus sensible que je ne l’étais à la question du vocabulaire, des représentations qui le sous-tendent, grâce à l’apport de la sensibilité à cette question des membres de la Commission culture du Parti de Gauche, j’ai relevé dans le discours de Nicolas Sarkozy lors de la cérémonie des vœux du 31 déc. 2011 un trait particulier.

"Nous devons changer notre regard sur le chômage. Faire en sorte que la formation des chômeurs devienne la priorité absolue, afin que chacun puisse se reconstruire un avenir", a-t-il dit.

Il m’a sauté aux yeux que le Président de a République n’a même pas eu la politesse d’utiliser l’expression -ô combien criticable- de “demandeurs d’emploi”. Non. Des "chômeurs".
Comme si c’était une qualité, un statut, un état stable. Le terme nie de façon quasiment insultante deux réalités.

Alors que les travailleurs sont au chômage bien entendu malgré eux, dire qu’un effort sera fait pour leur “formation” semble sous-entendre qu’ils ne sont pas formés. Par l’effet magique d’une nouvelles formations, M. Sarkozy et son gouvernement vont transformer des “chômeurs” en travailleurs, autant dire des inaptes et gens aptes, des handicapés en valides. Il est vrai que Lourdes n’est pas très loin en TGV.

De plus, nous avons une population active parmi les mieux instruites, où les formations universitaires, professionnelles, techniques, diplômantes, qualifiantes, sont proposées tout au long du parcours du combattant de l’école à l’inscription à “Pôle-emploi” la bien nommée, ne sachant plus fournir que stage après stage et non du travail effectif et stable encore moins.

J’en reviens au mot de Jean-Luc Mélenchon prononcé le 18 octobre 2010 devant le théâtre Dejazet : “l‘élite humaine, c’est nous.”


Je ne crois donc pas qu'il y ait des "chômeurs"... Il n' y a pas même de "demandeurs d'emploi". Je vois plutôt des citoyens qui OFFRENT leurs compétences au marché du travail.

En qualifiant 10% de la population active de "chômeurs", M. Sarkozy les insulte.
C’est d’ailleurs depuis trente ans, grâce à son courant politique, la Droite française néo-libérale, que la politique commerciale et industrielle ont été sacrifiées sur l’autel du rendement boursier. C'est pour ses amis, gras, très gras dirigeants d’entreprises multinationales (c-à-d couvertes par aucun Code du travail international et défiscalisées à mort) que nous sommes disponibles sur un marché du travail de plus en plus privatisé, dont ils profitent en premier.

Autrement dit, si nous devions “changer notre regard”, comme le commence si bien M. Sarkozy, on pourrait commencer par éviter d’appeler les citoyens compétents en déshérence mais en capacité d’apporter une force de travail aux entreprises, des “chômeurs”, précisément.
Un terme sui generis reste à inventer.

Idem pour les appellations usitées à tort comme “intermittent du spectacle” associé à “précaires”, et non par exemple “professionnels du spectacle”...

Maintenant nous voyons tous clairement que son projet -pour les quatres mois à venir, ou les cinq années- est de redonner une chance de reconstruire un tissu social défiguré par une formation accrue de ceux qui ont eu une formation mais n’en trouvent pas le débouché. Ils devront donc, une fois de plus, se reformer… encore…. (on se souvient du florès sur les formations en électronique obtenu par Chevènement dans les années 80, juste avant que ces industries ne partent massivement pour les pays d’Asie du Sud-est).

On amuse les Français avec des sujets graves comme ceux de leurs moyens de subsistance et d’épanouissement. On les éblouit puis on les abaisse, au moment des Vœux (!), en utilisant un terme qui les insulte. Le pire, c’est qu’ils ne s’en rendent pas toujours compte.

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